LOPPSI: La censure du Net est le problème, pas la solution.

Publié le 14 Décembre 2010

Paris, le 14 décembre 2010. L'examen de la LOPPSI, projet de loi défendu par le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, reprend aujourd'hui en seconde lecture à l'Assemblée Nationale. Son article 4 prévoit la mise en place du filtrage administratif d'Internet au nom de la lutte contre la pédopornographie, contre laquelle elle est parfaitement inefficace. Une fois aux mains du gouvernement, ce dispositif de censure sera inévitablement élargi. Il est l'aboutissement de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy et de son obsession de contrôler Internet, ce contre-pouvoir qui jusqu'à présent lui échappe.
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Alors que l'entourage d'Eric Besson a confirmé qu'une "décision gouvernementale"1 pourrait bientôt tenter d'expulser WikiLeaks hors de France, la censure administrative d'Internet risque d'être adoptée aujourd'hui lors de la seconde lecture de la LOPPSI à l'Assemblée nationale2. En confiant aux forces de police le soin de choisir quels sites seront interdits3, le Parlement s'apprête à donner carte blanche au gouvernement pour censurer Internet.

« Parfaitement inefficace contre la pédopornographie, cheval de Troie4 au nom duquel il sera déployé, le blocage d’accès aux sites Internet est un danger pour la démocratie. La censure collatérale de sites légitimes est inévitable, et le dispositif sera forcément étendu par la suite, comme le montre la volonté affichée du gouvernement de censurer WikiLeaks5 », déclare Jérémie Zimmermann, porte-parole de l’organisation citoyenne La Quadrature du Net.

Les graves atteintes à la liberté d’expression sont hélas représentatives de l’orientation générale de ce énième texte sécuritaire. Avec la généralisation de la vidéosurveillance, l’article 30ter relatif aux enquêtes de police sur la réutilisation des données publiques6 ou l’article 32ter préparant les prochaines mesures contre des populations en difficulté7, la LOPPSI est clairement une loi d’insécurité pour les droits fondamentaux. Dans ce contexte, la censure du Net est l’instrument dont l’exécutif souhaite disposer afin que, une fois élargi à d’autres domaines, il puisse faire taire les oppositions de demain.

« Cette censure du Net prévue par la LOPPSI est le prolongement de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Depuis l’HADOPI, il tente progressivement de mettre Internet au pas, car ce contre-pouvoir lui fait peur. Les citoyens doivent réagir pour défendre leur liberté en s’assurant que leurs députés rejettent l’article 4 », conclut, gravement, Zimmermann.