Un spyware sur tous les ordinateurs ?

Malgré, ou peut-être à cause du respect dû aux sénateurs de la République, il devient clair que leur âge les prédispose à tous les errements et sottises dans le domaine technique, que très manifestement ils ne connaissent pas, ni d’Eve ni d’Adam, même pas de la part de leurs petits ou arrières petits enfants.
Il est vrai qu’à leur âge l’athérome, l’artériosclérose, l’Alzheimer, l’hypercholestérolémie, l’hypertension artérielle, le diabète, etc., éventuellement réunis chez le même, font des ravages assez généralisés.
Sans oublier les alcools fins de la buvette du Sénat.

Mes oeils hagards, tous les deux, sont tombés sur cette nouvelle assez incroyable :

http://www.numerama.com/magazine/11170-Le-Senat-veut-installer-un-spyware-sur-tous-les-ordinateurs.html

Votre avis sur cette loi Hadopi honnie par tout le monde (sauf les législateurs) rejoint-il le mien ?
C’est la dernière ligne du texte de l’article :
« Reste une troisième voie possible : rejeter purement et simplement le projet de loi. »

Comment nos séniles, pardons sénateurs, fourniront le nécessaire pour tous les systèmes d’exploitation usités dans le monde, qui ne se limitent pas à Linux (bravo, bravo !), à MacIntosh (ouais…), à Microsoft Windows (bof) et de nombreux autres, telsQNX, voire tomsrtbt ?
(Prière de fournir les exemples qui manquent à ma mémoire).

(Correction de deux petites fautes.)

J’avoue avoir du mal à me faire une opinion après la lecture de cet article. Je suis très réservé sur cette loi qui protège essentiellement les “Majors” et leurs artistes les mieux payés mais en première analyse ce projet d’installation de spyware démontre la volonté de nos sénateurs même si cela conduit à une aberration, de protéger les citoyens des méchants pirates. Après réflexion plus approfondie je pense qu’il montre que notre justice va vers un système où l’accusateur (ici les majors) ne doit plus faire la preuve de l’infraction mais au contraire où chaque citoyen devra faire la preuve de son innocence.
Triste Monde Tragique

[..] Après réflexion plus approfondie je pense qu'il montre que notre justice va vers un système où l'accusateur (ici les majors) ne doit plus faire la preuve de l'infraction mais au contraire où chaque citoyen devra faire la preuve de son innocence.[..]
C'est en effet un [b]changement fondamental[/b] de notre droit. Comment prouver que vous n'avez jamais stationné sur un endroit interdit ? Comment prouver que vous n'avez jamais dépassé les vitesses autorisées ? Que vous n'avez jamais battu votre petit frère ? Il faudra beaucoup, beaucoup plus d'avocats en France, et devenir paranoïaque, comme aux Etats-Unis, d'où vient ce mauvais exemple. Mais il reste un petit espoir : qu'une partie de cette loi soit invalidée par le conseil constitutionnel, comme d'autres le furent dans le passé, les vidant de leur "nocivité légale", au regard des fondements de notre droit.

Pour rester sur la question, il est étrange que nos députés et sénateurs votent une loi au moment de l’abandon, certes encore partiel, des DRM ; « droits » au sujet desquels même William Gates III a dit que c’était une mauvaise idée.

Un article du monde diplomatique qui aborde le même problème
Répression des internautes ou rémunération des artistes ?
A noter

Mais aucune étude ne montre la fiabilité des méthodes de repérage des adresses IP. Pis, des chercheurs de l’université de Washington (6) montrent, dans une étude de juin 2008, qu’elles ne le sont pas, tandis que, de leur côté, des sites de communautés d’échange de liens peer to peer envisageraient déjà, selon le site Numerama, de diffuser de fausses adresses IP sur les réseaux (7

Dans ce même article, je note :

« […] « Prix Nobel » d’économie Paul Krugman (9), « l’industrie culturelle ne doit pas s’abriter derrière son obsession du piratage, elle ne s’est pas adaptée aux nouvelles méthodes de communication ». La priorité reste le développement d’une offre légale, moderne et attractive : catalogue illimité, coût modique, facilité d’usage sans verrous numériques (DRM), et développement des contrats de licences entre la filière audiovisuelle et les éditeurs de services sur Internet, dont les plus gros acteurs, comme Google, engrangent déjà des profits colossaux en proposant des services gratuits. »

Depuis bien des mois, des tas de gens disent la même chose. Pourquoi nos politiciens n’entendent-ils pas ? Pensez à eux à la prochaine élection !

Et il reste le barrage du conseil constitutionnel.

[Edit de piero : typographie (gras)]

Je pense aussi que le tout répressif tel qu’il est présenté ne va pas résoudre le problème du téléchargement illégal sur les réseaux P2P. Bien entendu, il va y avoir moins de monde dans un premier temps à jouer à ça mais de toute manière, un petit malin proposera certainement un moyen de contourner les dispositifs de flicage et là ça va repartir de plus belle. Bref, j’imagine qu’on va de nouveau se retrouver au même point vis à vis du téléchargement illégal. Les gens passeront juste par de nouveaux moyens technique. Ca me fait un peu penser à la lutte virus contre antivirus qui est sans fin.

Et puis comme tu le dit crom_dub, le système de riposte graduée amène à un changement fondamental de notre droit puisqu’en cas d’infraction détectée, ce sera à l’internaute de prouver son innocence. L’alternative suggérée ici à ce présumé coupable est donc de laisser s’installer un petit spyware, sans doute destiné à plein de choses, sur sa machine. Outre les contraintes techniques liées à la grande diversité des systèmes d’exploitation, ça revient, et ce n’est pas mieux, à accepter que si l’on a rien à se reprocher, on a rien à cacher. Pour le respect de la vie privée, on repassera, merci. J’ai l’impression que les lois actuellement en discussion pour lutter contre le téléchargement illégal sur les réseaux P2P, cause tout aussi légitime soit-elle, ne sont qu’un leurre destiné à mieux contrôler les utilisateurs de réseau internet (et pas seulement pour le P2P).

Je serais presque plus pour une licence globale collectée par les FAI et reversée aux ayant droit. Ce n’est pas parfait car ça sous entend que tout le monde pirate des oeuvres sous copyright (et que puisqu’on paye une taxe, pourquoi se priver de télécharger, hein?), mais au moins on à un réel respect de la vie privée des internautes.

A titre perso, j’achète encore quelques CDs mais moins qu’avant, non pas parce que je télécharge mais parce que je ne trouve plus grand chose d’intéressant dans ce qui se fait. Après, je ne sais pas si c’est à cause de la qualité des oeuvres musicales ou si c’est simplement générationnel (auquel cas, je suis has been à à peine presque 30 ans).

— Fred —

A titre perso, j'achète encore quelques CDs mais moins qu'avant, non pas parce que je télécharge mais parce que je ne trouve plus grand chose d'intéressant dans ce qui se fait. Après, je ne sais pas si c'est à cause de la qualité des oeuvres musicales ou si c'est simplement générationnel (auquel cas, je suis has been à à peine presque 30 ans).

— Fred —


bienvenue au club :slight_smile:
personnellement, je télécharge beaucoup.
  1. beaucoup de musique actuelle librement téléchargeable (artistes regroupés sur des collectifs genre jamendo, ou purs DIY qui marchent de façon totalement autonome). Internet est de ce point de vue un outils de promotion/diffusion ultra-puissant que nombre d’artistes ont commencé a exploiter. Le fonctionnement classique des majors interdisant la distribution sous cette forme, de plus en plus d’artistes se passent des services de ces dites majors, qui ne vont plus le rester longtemps

  2. beaucoup de musique un peu plus ancienne non libre, mais tirée de catalogues de labels indépendants qui ont coulé, racheté par des majors qui gardent le tout en stock sans les rééditer. Une masse impressionnante d’artiste se retrouve ainsi purement et simplement «éjectés» du marché, car pas assez rentables pour être réédités. La seuule solution : le marché de l’occasion, ou le téléchargement. Je pratique les 2. (d’ailleurs, si vous avez des 33t qui trainent chez vous, j’achète)

J’attends avec impatience un projet (dont je ne retrouve plus la référence), sans doute utopique, de réédition de disque à la demande.
Cette idée que j’avais lue sur le net consistait a permettre de souscrire à l’avance pour la réédition d’un disque, avec une file d’attente. une fois un nombre suffisant de souscripteurs atteint, les pressages étaient lancés et l’album livré par la poste.
Le genre de bonne idée pour le consommateur, on appelle ca un marché de niche, mais qui demande de ne pas être trop exigeant en terme de rentabilité. Bref, pas vraiment le genre de truc à être accepté par un groupe contrôle par des financiers.

M’enfin, heureusement pour moi, j’écoute beaucoup de Punk, et chez eux, c’est plutôt du genre F**K les majors, et c’est pas rare qu’ils diffusent l’intégralité de leur production en libre accès :smiley: (licence libre, voire pas de licence du tout :stuck_out_tongue: )

Rajoutons une couche.

http://www.info-utiles.fr/modules/news/article.php?storyid=850
"Les récentes décisions de condamner sérieusement les pirates informatiques qui téléchargent [illégalement] des œuvres sous copyright ne font pas l’unanimité au sein du gouvernement Sarkozy, si Christine Albanel prône pour la répression pure et dure, cela ne plaît pas à certains députés.

D’un côté les Majors ont sorti depuis des lustres les Kleenex-Club à la vue de la descente vertigineuse [les cadavres bougent encore vachement] de leur profit sur les supports matériels, les ventes de disques sont en berne la faute aux vauriens du Net qui font chuter les recettes et d’un autre côté la mise en place de sanctions sévères ne mettent pas tout le monde d’accord."

Au moment où les capacités des supports matériels explosent, comme Pionneer avec 500 Go sur un Blue-Ray, il semble que nous vivions plutôt une autre évolution (et non ‹ révolution ›, ne gâchons pas les mots) qui est celle de la dématérialiation, du tout-réseau.

Certes, on voudra toujours plus ou moins l’objet, le cédérom ou le DVD, mais l’évolution est là.
Comment les « Majors » vont vivre ce nouveau changement, puisqu’elles ne semblent pas avoir compris l’Internet, c’est à dire sa gratuité (certes relative), sa convivialité, sa structure horizontale non hiérarchisée, etc. ?

Aussi la baisse d’achat des supports matériels ne doit pas être rapportée uniquement au piratage, mais aussi à d’autres facteurs comme le coût excessif d’une chanson.

Le coût d’une copie numérique est nul : un Ubuntu ne vaut que le prix de son téléchargement.

Bien sûr il faut rémunérer le site qui vend les chansons, les compositeurs, les interprètes, etc., et faire du bénéfice.
Mais à 0,99 € la chanson, cela met « l’album » des 12 chansons achetées sur Internet au prix de l’objet matériel, le cédérom, qui a une pochette, un texte, etc.
Et des chansons copiables à l’infini.

Pour revenir à l’actualité, il semble qu’il existe, comme pour la loi DADVSI de M. Olivennes, le prédécesseur de Mme Albanel comme ministre de l’inculture, une fronde de députés et de sénateurs de la majorité, sur les arguments suivants :

  • problème juridique n° 1 : irrespect flagrant et dangereux des principes républicains d’un état de droit, en particulier ceux des droits de la défense. Oui, vous serez accusés de piratage. Bouh, c’est très vilain, vous finirez pendus au bout d’une vergue.

  • Problème juridique n° 2 : le 24 septembre, le Parlement européen a adopté l’amendement n° 138, déposé par l’eurodéputé Guy Bono (fRANÇAIS, PS), au projet de loi sur les télécommunications, selon lequel une restriction aux droits et aux libertés fondamentaux des internautes ne peut être imposée que par la justice [et non par une ‹ haute autorité › de nature purement administrative].

  • problèmes purement technique et informatiques : comment être sûr qu’il n’y a pas eu emprunt de l’adresse IP du « coupable » ? Le Wifi étant particulièrement visé.

  • Comment être sûr que le titulaire d’un abonnement à Internet, effectivement utilisé pour pirater, ne l’a pas été malgré l’installation des mesures de sécurité imposées par l’Hadopi ?

  • Autre problème technique soulevé : il faut s’assurer d’un début de téléchargement par l’adresse IP en question, pour détenir une preuve matérielle. La présomption de piratage ne suffit pas, en fournissant juste « une liste des dernières adresses IP ayant partagé tel fichier piraté ».

J’arrête là.
Et comme déjà signalé, il y aura le barrage inévitable du conseil constitutionnel, puis la jurisprudence qui ne manquera pas.
A vouloir bâcler une loi qualifiée de « nécessairement urgente », beaucoup de temps sera perdu, faute d’une réflexion en profondeur et d’une consultation large de l’ensemble des acteurs au problème.

Cela donne l’impression que des gens sont vendus, c’est à dire achetés, par de gigantesques sociétés purement commerciales. Sans bénéfice réel au final pour les « ayants droit », comme les appelle le droit.

Leur vrai problème aux majors et aux ayant droit, c’est que le modèle économique qui leur a permis de vivre jusqu’à présent est devenu obsolète avec les pratiques actuelles.
Jusqu’à présent, quand une personne A achète un bien quel qu’il soit à une personne B, après la transaction la personne A ne possède plus l’argent et la personne B ne possède plus le bien. C’est un modèle fondé sur la rareté.
Les échanges illégaux et la dématérialisation des œuvres ont fait que cette même personne B ne sera pas dépossédée de sont objet lorsqu’elle l’aura donné à la personne A. La personne A ne paye donc plus la personne B en retour. Quand on se dit ça, on peut comprendre aisément (pas forcement cautionner) que la majorité des possesseurs d’ordinateur aient déjà piraté un truc.

Des tentative pour sauvegarder leur modèle économique sur internet ont déjà été tentée comme par exemple l’introduction des DRM mais on peut voir que leur abandon est presque total maintenant, et tant mieux. Comme ils n’arrivent pas à s’adapter efficacement à ce nouveau média, il leur reste selon eux seulement le tout répressif.

— Fred —

Précision : ce n’est pas Olivennes qui a sorti DADVSI mais RDV. Lui il a juste pondu le rapport du même du nom qui a servit de base au projet de loi HADOPI.

Jusqu'à présent, quand une personne A achète un bien quel qu'il soit à une personne B, après la transaction la personne A ne possède plus l'argent et la personne B ne possède plus le bien. C'est un modèle fondé sur la rareté. [..] la dématérialisation des œuvres ont fait que cette même personne B ne sera pas dépossédée de son objet lorsqu'elle l'aura donné à la personne A. La personne A ne paye donc plus la personne B en retour. Quand on se dit ça, on peut comprendre aisément (pas forcement cautionner) que la majorité des possesseurs d'ordinateur aient déjà piraté un truc.

[…] Comme ils n’arrivent pas à s’adapter efficacement à ce nouveau média, il leur reste selon eux seulement le tout répressif.


et nos élus se font complices de cette aberration, avec en arrière-plan une « justification » proche du terrorisme international, qui n’a pourtant pas donné lieu à tels errements juridiques…

Car il ne faut perdre de vue que l’immense majorité des artistes (90 % ?) gagne peu et ne recevra rien avec ce montage juridique.

Pour celles et ceux qui sont sur Quimper aujourd’hui jeudi 30 octobre au Chapeau Rouge, La Libeté de l’Esprit et la section de la Ligue des Droits de l’Homme organise une conférence-débats “Liberté, Ethique et Technologies Nouvelles” avec Alain Weber, avocat depuis 25 ans dans le cabinet d’Henri Leclerc. militant de la Ligue des Droits de l’Homme qui a animé pendant 10 ans la commission Informatique et liberté de la Ligue
Je pense qu’il apportera un éclairage intéressant sur le sujet des spyware et des sénateurs :slight_smile:

Étant au loin, et pour tout le monde, un bref compte-rendu ?

Merci d’avance.

Pour celles et ceux qui sont sur Quimper aujourd'hui jeudi 30 octobre au Chapeau Rouge, La Libeté de l'Esprit et la section de la [b]Ligue des Droits de l'Homm[/b]e organise une conférence-débats [b]"Liberté, Ethique et Technologies Nouvelles"[/b] avec Alain Weber, avocat depuis 25 ans dans le cabinet d'Henri Leclerc. militant de la Ligue des Droits de l'Homme qui a animé pendant 10 ans la commission Informatique et liberté de la Ligue Je pense qu'il apportera un éclairage intéressant sur le sujet des spyware et des sénateurs :)
Je me corrige le thème de la conférence est [b]"Justice, égalité et démocratie."[/b] et la commission Informatique et liberté de la Ligue des Droits de l'Homme s'appelle maintenant : Liberté, Ethique et Technologies Nouvelles.